>>EAR008 - Wisp - In a Blue Face
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Plus sobre qu’Aphex Twin dans ses meilleurs jours, Reid. W. Dunn aka Wisp poursuit ses brassages de beats mélodieux après Vhom + Skonflap - Nine Acid (chez Opaque Channel) et surtout HumpelndenBEATS (chez Electrotards Records). Loin des énervés parfois énervants et des manipulateurs pads et de rythmes dépassant les 120 BPMs, Wisp fait du breakbeat un art voué à contemplation, presque à la climatologie, à travers dix pistes dont l’ossature se base avant tout sur les mélodies que sur les percussions brisées et crispantes. Au final In a Blue Face apparaît comme un album curieusement fluide et harmonieux.
Wisp conceptualise sans le savoir le breakbeat en adoucissant ses tempos, en limitant les saucées de grêles et les déflagrations en tout genre, et en y apportant une musicalité encore inédite (ou trop peu exploitée). Loin des rafales observées chez SamForce et des tempêtes apocalyptiques hardcore, l’approche musicale de Wisp puise ses influences dans l’univers virtuel et synthétique des jeux vidéo, notamment des RPG (jeux de rôles). Il ne crache pas non plus sur le vétéran Richard D. James, ou sur les canadiens Skinny Puppy.
L’ambiance épique des jeux vidéo tels que les Final Fantasy est restituée sur A Letter In the Mail. Un morceau sur lequel s’inscriraient bien les pérégrinations d’un personnage, une quête, une scène romantique avec une princesse (no sex par contre, pour ça il y a l’hédonisme du Geogaddi de Boards of Canada). Ici on reste dans l’onirisme, dans la ouate en fibres synthétiques de Me par exemple. Sur Me les mélodies sont légères, rythmées par une ligne de basse étouffée et des percussions simples, à peine saturées. Un jardin d’Epicure.
Un peu d’action dans ce petit jeu en 16bits avec Library Grey. Le morceau démarre sur des nappes synthétiques toutes fraîches et toutes douces et est attaqué progressivement par des petits éclairs de drums. Quelques samples vocaux (féminins puis d’enfants) agrémentent le tout.
Enfin sur Bon Pont Wisp privilégie le minimalisme le plus total pour les percussions, en laissant la place à ses claviers et aux battements discrets d’un cœur. Ce morceau constitue malgré lui un des épilogues de l’album, une issue triste ; tandis que Many Fields (de facto le dernier titre de l’album) est une sorte de générique de fin.
Même si on peut l’accuser de ne pas révolutionner un genre déjà bien exploité par des figures de proue passées maîtres ès electronica (on pensera à Squarepusher), il n’en reste pas moins que le travail de Whip est sympathique dans sa globalité. On pourra prolonger l’écoute avec HumpelndenBEATS pour s’en convaincre. Ou pas.
In a Blue Face est à déguster gratuitement et en téléchargement complet sur le site de Earstroke (label qui s’est fait du tremblement d’oreilles une spécialité).
- Eraser-Head.com
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